Un paso au rythme de Juan

Article du Sud Ouest du 17/07/2014 - Emma Saint-Genez

Chef de la Nèhe, Jean Garin a composé un paso-doble pour Juan Leal. Le torero est venu l’écouter lundi soir, en attendant de l’entendre résonner le 15 août dans les arènes.

Lundi soir, Juan Leal est reparti du local de répétition de la Nèhe avec la partition du paso-doble composé sur mesure par le chef Jean Garin et offert par le président de l’harmonie, Pascal Lacouture.

"Muy bonito" à la première exécution, "Ole !" à la seconde. Ce furent les commentaires spontanés de la cuadrilla de Juan Leal, lundi soir, dans la salle de répétition de la Nèhe, à l’écoute du paso-doble tout spécialement écrit pour le torero par le chef Jean Garin, et joué à deux reprises devant ce premier auditoire.

"J’espère être à la hauteur"
Détendu au lendemain de son triomphe à Soustons, l’IPhone en mode enregistreur, Juan Leal a lui aussi applaudi les musiciens qui venaient de passer l’après-midi à répéter ce morceau écrit sur mesure pour lui. "Je tiens à tous vous remercie et espère être à la hauteur de ce paso lors de ma présentation à Dax en tant que matador de toros".
Ce sera le 15 août au matin, aux côtés de Morante de la Puebla et Manzanares et face à des toros de Domingo Hernandez. Une sacrée affiche et un grand moment en perspective, qui sera donc rehaussé par la création en public de ce morceau dacquois en l’honneur du jeune Arlésien. "C’est un paso de classe et je pense qu’il te va bien. C’est Juan Leal en musique", a commenté Pascal Lacouture, président de l’harmonie et trompettiste au sein de la formation, en lui remettant la partition encadrée. "Cette salle a vu passer beaucoup de musiciens, mais c’est la première fois qu’elle accueille un matador de toros !".
Parmi ces premiers auditeurs, la voix troublée par l’émotion, Maurice Berho, l’apoderado de Juan Leal, qui vit avec lui avec Séville mais n’oublie pas ses racines dacquoises. "Vous ne pouvez pas imaginer ce que cela représente pour moi. La Nèhe, c’est une institution qui a marqué tous les pans de ma vie. Et venir ici aujourd’hui avec mon petit, ça m’émeut énormément !"
A l’origine de cette partition originale, plusieurs aficionados dacquois réclamant à Pascal Lacouture une musique pour Juan Leal, le jeune torero d’Arles, qui a déjà une peña à son nom dans la cité thermale. Le président de l’association musicale se tourne alors vers le chef d’orchestre Jean Garin. Le musicien a déjà composé des paso-doble "mais jamais pour un matador". "J’en écris mais je déchire souvent ensuite parce que cela se rapproche trop de pasos déjà connus. Le plus difficile, c’est d’avoir une idée."

A chaque torero son style
Comme il fait pour les autres toreros à l’affiche de la temporada, le chef et aficionado est allé faire un tour sur le Net pour mieux cerner le personnage et sa façon de toréer. "C’est très important. On ne choisit pas les musiques au hasard, mais on essaie au contraire de trouver le style qui correspond au matador. Pour Padilla par exemple, qui est très nerveux voire précipité, on prendra un air rapide et enlevé."
Pour Juan Leal, Jean Garin a imaginé à l’inverse un thème très, très lent, qui correspond à l’élégance du geste". La partition débute par un solo de trompette, "comme un appel à l’écoute", et prend doucement de l’ampleur et de l’intensité. "Ca prend aux tripes !", résume Maurice Berho. "C’est un paso de classe", a poursuivi Pascal Lacouture au micro. "Nous espérons que le 15août, tu vas nous mettre les poils droit sur les bras et que cette musique va longtemps t’accompagner !"
Un beau cadeau dont le jeune Arlésien connaît la valeur. "Je me vois bien toréer sur ce paso. Cela ne va pas changer ma façon de faire, mais la corrida est un tout dont la musique fait partie au même titre que le torero ou le toro. Ce n’est pas pour rien que les gens la réclament".
Parmi les 50 morceaux sélectionnés pour accompagner les faenas dacquoises, il faudra donc désormais compter avec le "Juan Leal". La Nèhe a un peu moins d’un mois pour le rôder.